« La Grande Halle de la Villette nous séduisait par son ampleur. Il était question de faire vivre la mémoire du lieu, dépouillé de sa fonction de spectacle, de se servir de sa charge émotionnelle. Plutôt que d'y agréger des accessoires nous avons eu envie de restituer la force de ce lieu vide. C'est vers la sincérité que nous avons eu envie de développer, la sincérité d'un corps qui bouge sans direction, sans être guidé par une musique, un corps qui parle avec le même ton que celui du décor.
En filmant Linda et ensuite en découvrant les images sur le banc de montage des idées sont apparues. Sans m'en rendre compte j'ai filmé sa cicatrice au bras, j'ai détaillé des mouvements qui semblaient extérioriser une colère puis une sérénité. Ce ne sont pas des phrases fluides et claires que j'y entends mais les fragments d'une histoire qui jaillissent avec la force du mystère. Il y a le sentiment quand je la vois danser, respirer s’essouffler, de quelqu'un qui traverse à nouveau les moments les plus durs et les plus beaux de sa vie sans la lourdeur des textes, avec la justesse que seul les gestes peuvent provoquer. »
Raphaël Stora